LATOUCHE-TREVILLE participe pendant les cinq premières années de sa carrière maritime à plusieurs combats de la guerre de Sept ans. Son habileté est telle qu’il est fait Chevalier de l’ordre de Saint Louis et nommé Commandant de “L’HERMIONE” au début de la guerre d’indépendance des Etats-Unis. A bord de cette frégate, il s’illustre en transportant LA FAYETTE parti soutenir les insurgés en Amérique, puis combat victorieusement sous les ordres de LA PEROUSSE au large de terre neuve, enfin participe au combat devant yorktown qui signe la défaite des Anglais. Revenu en France en 1782, il commande “L’AIGLE” et une petite escadre et repart en Amérique ou il est battu par une escadre anglaise, se saborde dans la baie de Chesapeake et est fait prisonnier. Ason retour en France il devient Directeur du port de Rochefort, en 1783. Au début de la Révolution, LATOUCHE-TREVILLE siège à l’Assemblée constituante comme député de la noblesse du bailliage de Montargis. Ses opinions libérales lui font prendre place au milieu de la majorité qui fonde les bases des institutions de la République. Ses qualités de marin et de diplomate lui permettent de reprendre le commandement d’une escadre. Mais lorsque La Terreur s’instaure en France, LATOUCHE-TREVILLE est destitué et emprisonné à la prison de la Force dont il ne sortira qu’après la chute de ROBESPIERRE. Il doit alors attendre cinq ans avant de recouvrer au début du Consulat son grade de commandement d’une escadre, celle de Brest, en 1800. C’est dans l’année 1801 que BONAPARTE, premier Consul, reprend son vaste projet d’envahir l’Angleterre. Il concentre alors au camp de Boulogne une formidable armée et confie à LATOUCHE-TREVILLE le commandement de la flotte d’invasion. Les 4, 15 et 16 août 1801,LATOUCHE-TREVILLE repousse victorieusement les attaques de l’Amiral NELSON venu combattre à la tête de 30 bâtiments et de 4 000 soldats de la marine. La paix d’Amiens signée, il est nommé Commandant de l’escadre de Rochefort. Il rejoint en janvier 1802 celle de VILLARET-JOYEUSE dans l’expédition de saint-Domingue et s’empare de Port-au-Prince. En récompense de ses brillants états de service, BONAPARTE le nomme Vice-amiral en décembre 1803 à son retour des Antilles. Mais la paix avec l’Angleterre n’est que de courte durée. NAPOLEON reconstitue la Flottille de Boulogne qu’il confie à l’Amiral BRUIX et place LATOUCHE-TREVILLE à la tête de l’Escadre de la Méditerranée en juin 1804, lui assignant la mission délicate mais décisive de rallier la Manche. L’Empereur l’élève en juillet à la dignité de grand-officier de la Légion d’honneur et lui écrit : “Je désire beaucoup que l’opération que vous allez entreprendre me mette à même de vous élever à un tel degré de considération et d’honneur que vous n’ayez plus rien à souhaiter. Soyons maîtres du détroit six heures et nous serons maîtres du monde”. Le 2 août 1804, l’opération est ajournée et repoussée d’un mois. Hélas, le 19 août, à la veille de mettre à la voile, LATOUCHE-TREVILLE succombe. Bien des années plus tard, à Sainte-Hélène, l’Empereur écrira qu’il avait jugé cette perte irréparable pour le succès de ses armées.